dimanche 2 septembre 2012

La planète des singes (Performance/Danse)


L'intérieur d'une vieille église. Des spots aveuglants et au-dessus le noir total. Devant, un vieux lit à barreaux cabossé, de vieilles planches au sol et de la terre. Avons-nous pénétré dans le repaire d'un tueur en série ? Avons-nous été écroués dans une cellule peu engageante ? Avons-nous rejoint une planque de soldats ? Un peu tout ça à la fois en fait.


Monkey, ce n'est ni du théâtre, ni vraiment de la danse, peut-être une performance (commodité des concepts dernier cri!) qui tend à nous confiner, nous spectateurs, dans l'espace clos de nos pulsions les plus sombres. Celles dont nous sommes prisonniers, et contre lesquelles nous n'avons de cesse de batailler. Pour unique repère, une voix de plus en plus lointaine qui nous invite à la relaxation, pour entrer si profond en nous-mêmes qu'il sera difficile d'en sortir indemne. Les tableaux se succèdent alors sous le regard tour à tour captivé, curieux ou terrorisé du personnage qui les fantasme, soumis à la dégénérescence de toutes ses lubies, l'horreur n'étant jamais bien loin de l'excitant.




Un spectacle visuel, qui joue sur les symboles et pousse les stéréotypes à l'extrême, comme pour creuser sous l'amas de nos fantasmes collectifs aseptisés, et en faire ressortir toute la noirceur que nous faisons semblant d'ignorer. Les silhouettes ondulantes se désarticulent sous le poids de l'envie, les chic-issimes accessoires rouges et noirs deviennent sang et terre coagulant autour des mannequins abîmés par la violence du désir, les sourires consentants se font grimaces comme la force des pulsions les accablent. Parce que la sexualité ne peut pas être parfaitement assainie, parce que la chair ce n'est pas propre, et que nous ne sommes pas des poupées plastifiées et incassables. 

 
Après les sursauts, la claustrophobie, et les frissons, un seul regret, celui de n'avoir pas vraiment eu le temps de sentir naître le désir, poindre l'émoi devant la beauté, avant de découvrir le caractère morbide de notre fascination. Peut-être est-ce l'atmosphère totalement flippante du lieu qui n'a laissé que trop peu de place à l'excitation ? A juger de vos propres yeux, à comparer avec les autres créations d'Abattoir fermé, et à débattre ensuite à plusieurs : on aime, on déteste, mais ces spectacles ne vous laisseront sûrement pas indifférents.




Plus d'infos : 
Les Brigittines, magnifique centre d'art contemporain du mouvement de la ville de Bruxelles.
Abattoir Fermé, la compagnie, tous leurs spectacles dans d'autres lieux et ambiances.

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