mardi 10 janvier 2012

We need to talk about… Responsibility? (CINEMA)

Quand un homme pète les plombs, commet l’irréparable, à qui la faute ? Si mes souvenirs sont bons, il s’agit d’un sujet sur lequel ont planché de nombreux bacheliers en philosophie ces dernières années, c’est vous dire s’il est vaste…

Si l’homme en question est mineur, il ne porte pas directement le poids de la responsabilité de ses actes, et souvent le milieu socio-éducatif est envisagé comme source première des problèmes rencontrés par l’enfant/adolescent.

Dans l’œuvre de Lynne Ramsay, adaptation du roman éponyme de Lionel Shriver, notre psychopathe fomente ses crimes dans une spacieuse villa ultra confortable. Des parents absents? même pas. Le couple s’aime, a désiré cet enfant, et jouit d’une confiance et d’une complicité que les difficultés rencontrées avec Kevin mettent 15 ans à érafler. Sa mère est disponible et attentionnée, suffisamment en tout cas pour changer ses couches jusqu’à 8 ans et continuer à l’épauler bien après son incarcération. Le milieu scolaire est évacué, ce qui sous-entend qu’aucun problème particulier n’y a été détecté. L’éducation des parents est elle-même validée explicitement par la présence d’une petite sœur « normale ».  Alors que s’est-il passé, et qui est coupable ?


La question sous-tend le film par le regard des victimes plus ou moins directes du massacre, qui se grignotent de l’intérieur à défaut de comprendre, et par le regard de la mère qui semble retracer le fil de la vie de Kevin en quête d’un indice. Cette mère qui est punie par la société pour ne pas avoir su empêcher le crime de son propre enfant, et qui témoigne de ce qu’elle a vu, ressenti, à nous autres spectateurs distants/jurés impartiaux. 

«  […] à bien des égards, je considère que d'être parent, c'est comme écrire une longue lettre qu'on n'envoie jamais. Donc, l'absence de parole et le sentiment d'isolement n'étaient pas difficiles à interpréter car le sujet du film, ce ne sont pas des faits mais des sentiments. » nous explique Tilda Swinton. Pas de parti pris donc, pas de vraie explication, mais une vraie réflexion sur la notion de responsabilité : la responsabilité morale en tant que capacité à répondre de ses actes (étymologie), en démontrer les  motifs et pouvoir être jugé sur eux, la responsabilité en tant qu’obligation morale, pénale, de réparation, entre autres. Quand il n’y a ni motif, ni possibilité de réparation, ni réponses des actes indignes et irrationnels commis, sont-ils vraiment encore ceux d’un homme ?

We need to talk about Kevin - de Lynne Ramsay avec Tilda Swinton, Ezra Miller, John C. Reilly, Jasper Newell, and Ashley Gerasimovich. (1 h 50)
Au Cinéma Aventure – VOST - Galerie du Centre 57 Centrumgalerij - Bruxelles 1000 Brussel.

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