Seconde
étape du Marathon des mots, festival
des littératures organisé tous les deux ans par l’ASBL Entrez Lire, le concert-lecture d’Arthur H et Nicolas Repac, l’Or Noir, aura été l’occasion d’un retour
aux sources. Retour en enfance, temps béni où l’on nous raconte encore des
histoires, retour à la tradition orale de la littérature qui s’écoute et se
transmet, retour à la musicalité des mots, aux fondements de la poésie, retour
aux racines des différentes cultures qui nous habitent, car « nous sommes
tous, aujourd’hui, un peu créole, un peu américain, un peu oriental, un peu
africain (relié par la vérité du rythme) ».
C’est le noir complet. Sur scène, deux conteurs,
l’un assis à une table de bistrot, l’autre entouré d’instruments traditionnels,
tous deux chapeautés. On pourrait être dans une tribu africaine, ou dans un
club de jazz de la Nouvelle Orléans. Nous sommes en route vers l’Or Noir, portés par la voix d’Arthur
H, « cette voix qui nous vient du
fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait
s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour
s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit », nous décrit Dany
Laferrière, l’un des auteurs des textes ramenés de la Caraïbe francophone par
nos deux voyageurs.
Le théâtre, la voix, les lumières, les notes, constituent
ici un véritable écrin dans lequel les mots scintillent davantage. « Avec
Nicolas, nous avons improvisé quelques jours, jusqu’à ce qu’il trouve
l’ossature harmonique, rythmique et mélodique et, surtout, l’atmosphère
émotionnelle, la couleur sonore qui vibre avec chaque poème ». Voilà ainsi
le public embarqué dans une expérience collective, un frissonnement général où
tous les sens sont en éveil pour accueillir les mots, bien loin des gueuletons littéraires
solitaires modernes dans les transports en communs.
L’amour, la mort, le voyage, notre conteur « siffle
des choses très anciennes/de serpents de choses caverneuses » (Aimé
CESAIRE, Corps perdu). L’Or noir, combustible, source d’énergie
naturelle, alcool à brûler les cœurs et à transmettre les passions, ce
sont les mots, les mots de tous les temps, nous dit Arthur H qui les réincarne
: « Culbuté par la grosse houle du siècle/ au feuillage musicien des mots
je lave/ mon époque à l’eau de ma tendresse du soir. » (René DEPESTRE, Le métier à métisser)
Prochaines escales : http://www.arthurh.net/lor-noir/
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